De l'Acte I à l'Acte II
Questions sur le temps asynchrone
Que pense Argante du mariage d'Octave?
Que croit Géronte?
Que pense Argante du mariage d'Octave?
Que croit Géronte?
Acte I, Scène 6
ARGANTE
Il le fera, ou je le déshériterai.
SCAPIN
Vous ?
ARGANTE
Moi.
SCAPIN
Bon !
ARGANTE
Comment, bon !
SCAPIN
Vous ne le déshériterez point.
ARGANTE
Je ne le déshériterai point ?
SCAPIN
Non.
ARGANTE
Non ?
SCAPIN
Non.
ARGANTE
Ouais ! Voici qui est plaisant. Je ne déshériterai point mon fils ?
SCAPIN
Non, vous dis-je.
ARGANTE
Qui m'en empêchera ?
SCAPIN
Vous-même.
ARGANTE
Moi ?
SCAPIN
Oui. Vous n'aurez pas ce coeur-là.
ARGANTE
Je l'aurai.
SCAPIN
Vous vous moquez !
ARGANTE
Je ne me moque point.
SCAPIN
La tendresse paternelle fera son office.
ARGANTE
Elle ne fera rien.
SCAPIN
Oui, oui.
ARGANTE
Je vous dis que cela sera.
SCAPIN
Bagatelles !
ARGANTE
Il ne faut point dire : Bagatelles.
SCAPIN
Mon Dieu, je vous connais, vous êtes bon naturellement.
ARGANTE
Je ne suis point bon, et je suis méchant, quand je veux. Finissons ce
discours qui m'échauffe la bile. (En s'adressant à Sylvestre.) Va-t'en,
pendard, va-t'en me chercher mon fripon, tandis que j'irai rejoindre le
seigneur Géronte pour lui conter ma disgrâce.
SCAPIN
Monsieur, si je vous puis être utile en quelque chose, vous n'avez qu'à
me commander.
ARGANTE
Je vous remercie. (A part.) Ah ! pourquoi faut-il qu'il soit fils
unique ! Et que n'ai-je à cette heure la fille que le Ciel m'a ôtée,
pour la faire mon héritière !
ACTE II
-------
SCENE PREMIERE - GERONTE, ARGANTE
GERONTE
Oui, sans doute, par le temps qu'il fait, nous aurons ici nos gens
aujourd'hui ; et un matelot qui vient de Tarente m'a assuré qu'il avait
vu mon homme qui était près de s'embarquer. Mais l'arrivée de ma fille
trouvera les choses mal disposées a ce que nous nous proposions, et ce
que vous venez de m'apprendre de votre fils rompt étrangement les
mesures que nous avions prises ensemble.
ARGANTE
Ne vous mettez pas en peine ; je vous réponds de renverser tout cet
obstacle, et j'y travaille de ce pas.
GERONTE
Ma foi, seigneur Argante, voulez-vous que je vous dise ? L'éducation
des enfants est une chose à quoi il faut s'attacher fortement.
ARGANTE
Sans doute. A quel propos cela ?
GERONTE
A propos de ce que les mauvais déportements des jeunes gens viennent le
plus souvent de la mauvaise éducation que leurs pères leur donnent.
ARGANTE
Cela arrive parfois. Mais que voulez-vous dire par là ?
GERONTE
Ce que je veux dire par là ?
ARGANTE
Oui.
GERONTE
Que, si vous aviez, en brave père, bien morigéné votre fils, il ne vous
aurait pas joué le tour qu'il vous a fait.
ARGANTE
Fort bien. De sorte donc que vous avez bien morigéné le vôtre ?
GERONTE
Sans doute, et je serais bien fâché qu'il m'eût rien fait approchant de
cela.
ARGANTE
Et si ce fils que vous avez, en brave père, si bien morigéné, avait
fait pis encore que le mien, eh ?
GERONTE
Comment ?
ARGANTE
Comment ?
GERONTE
Qu'est-ce que cela veut dire ?
ARGANTE
Cela veut dire, seigneur Géronte, qu'il ne faut pas être prompt à
condamner la conduite des autres, et que ceux qui veulent gloser
doivent bien regarder chez eux s'il n'y a rien qui cloche.
GERONTE
Je n'entends point cette énigme.
ARGANTE
On vous l'expliquera.
GERONTE
Est-ce que vous auriez ouï dire quelque chose de mon fils ?
ARGANTE
Cela se peut faire.
GERONTE
Et quoi encore ?
ARGANTE
Votre Scapin, dans mon dépit, ne m'a dit la chose qu'en gros, et vous
pourrez, de lui ou de quelque autre, être instruit du détail. Pour moi,
je vais vite consulter un avocat, et aviser des biais que j'ai à
prendre. Jusqu'au revoir.
ARGANTE
Il le fera, ou je le déshériterai.
SCAPIN
Vous ?
ARGANTE
Moi.
SCAPIN
Bon !
ARGANTE
Comment, bon !
SCAPIN
Vous ne le déshériterez point.
ARGANTE
Je ne le déshériterai point ?
SCAPIN
Non.
ARGANTE
Non ?
SCAPIN
Non.
ARGANTE
Ouais ! Voici qui est plaisant. Je ne déshériterai point mon fils ?
SCAPIN
Non, vous dis-je.
ARGANTE
Qui m'en empêchera ?
SCAPIN
Vous-même.
ARGANTE
Moi ?
SCAPIN
Oui. Vous n'aurez pas ce coeur-là.
ARGANTE
Je l'aurai.
SCAPIN
Vous vous moquez !
ARGANTE
Je ne me moque point.
SCAPIN
La tendresse paternelle fera son office.
ARGANTE
Elle ne fera rien.
SCAPIN
Oui, oui.
ARGANTE
Je vous dis que cela sera.
SCAPIN
Bagatelles !
ARGANTE
Il ne faut point dire : Bagatelles.
SCAPIN
Mon Dieu, je vous connais, vous êtes bon naturellement.
ARGANTE
Je ne suis point bon, et je suis méchant, quand je veux. Finissons ce
discours qui m'échauffe la bile. (En s'adressant à Sylvestre.) Va-t'en,
pendard, va-t'en me chercher mon fripon, tandis que j'irai rejoindre le
seigneur Géronte pour lui conter ma disgrâce.
SCAPIN
Monsieur, si je vous puis être utile en quelque chose, vous n'avez qu'à
me commander.
ARGANTE
Je vous remercie. (A part.) Ah ! pourquoi faut-il qu'il soit fils
unique ! Et que n'ai-je à cette heure la fille que le Ciel m'a ôtée,
pour la faire mon héritière !
ACTE II
-------
SCENE PREMIERE - GERONTE, ARGANTE
GERONTE
Oui, sans doute, par le temps qu'il fait, nous aurons ici nos gens
aujourd'hui ; et un matelot qui vient de Tarente m'a assuré qu'il avait
vu mon homme qui était près de s'embarquer. Mais l'arrivée de ma fille
trouvera les choses mal disposées a ce que nous nous proposions, et ce
que vous venez de m'apprendre de votre fils rompt étrangement les
mesures que nous avions prises ensemble.
ARGANTE
Ne vous mettez pas en peine ; je vous réponds de renverser tout cet
obstacle, et j'y travaille de ce pas.
GERONTE
Ma foi, seigneur Argante, voulez-vous que je vous dise ? L'éducation
des enfants est une chose à quoi il faut s'attacher fortement.
ARGANTE
Sans doute. A quel propos cela ?
GERONTE
A propos de ce que les mauvais déportements des jeunes gens viennent le
plus souvent de la mauvaise éducation que leurs pères leur donnent.
ARGANTE
Cela arrive parfois. Mais que voulez-vous dire par là ?
GERONTE
Ce que je veux dire par là ?
ARGANTE
Oui.
GERONTE
Que, si vous aviez, en brave père, bien morigéné votre fils, il ne vous
aurait pas joué le tour qu'il vous a fait.
ARGANTE
Fort bien. De sorte donc que vous avez bien morigéné le vôtre ?
GERONTE
Sans doute, et je serais bien fâché qu'il m'eût rien fait approchant de
cela.
ARGANTE
Et si ce fils que vous avez, en brave père, si bien morigéné, avait
fait pis encore que le mien, eh ?
GERONTE
Comment ?
ARGANTE
Comment ?
GERONTE
Qu'est-ce que cela veut dire ?
ARGANTE
Cela veut dire, seigneur Géronte, qu'il ne faut pas être prompt à
condamner la conduite des autres, et que ceux qui veulent gloser
doivent bien regarder chez eux s'il n'y a rien qui cloche.
GERONTE
Je n'entends point cette énigme.
ARGANTE
On vous l'expliquera.
GERONTE
Est-ce que vous auriez ouï dire quelque chose de mon fils ?
ARGANTE
Cela se peut faire.
GERONTE
Et quoi encore ?
ARGANTE
Votre Scapin, dans mon dépit, ne m'a dit la chose qu'en gros, et vous
pourrez, de lui ou de quelque autre, être instruit du détail. Pour moi,
je vais vite consulter un avocat, et aviser des biais que j'ai à
prendre. Jusqu'au revoir.