Acte III, Scène 12
Acte III, scène 12. CARLE, LÉANDRE, OCTAVE, GÉRONTE, ARGANTE, HYACINTE,
ZERBINETTE, SYLVESTRE, NÉRINE
Carle. ? Ah ! Messieurs, il vient d’arriver un accident étrange.
Géronte. ? Quoi ?
carle. ? Le pauvre Scapin...
Géronte. ? C’est un coquin que je veux faire pendre.
Carle. ? Hélas ! Monsieur, vous ne serez pas en peine de cela. En passant contre un bâtiment, il lui est tombé sur la tête un marteau de tailleur de pierre 1, qui lui a brisé l’os et découvert toute la cervelle. Il se meurt, et il a prié qu’on l’apportât ici pour vous pouvoir parler avant que de mourir.
Argante. ? Où est-il ?
Carle. ? Le voilà.
Scène dernière. Scapin, Carle, Géronte, Argante, etc.
Scapin, apporté par deux hommes et la tête entourée de linges, comme s’il avait été bien blessé. ? Ahi ! Ahi ! Messieurs, vous me voyez... ahi ! vous me voyez dans un étrange état. Ahi ! Je n’ai pas voulu mourir sans venir demander pardon à toutes les personnes que je puis avoir offensées. Ahi ! Oui, Messieurs, avant que de rendre le dernier soupir, je vous conjure de tout mon cœur de vouloir me pardonner tout ce que je puis avoir fait, et principalement le seigneur Argante, et le seigneur Géronte. Ahi !
Argante. ? Pour moi je te pardonne ; va, meurs en repos.
Scapin. ? C’est vous, Monsieur, que j’ai le plus offensé, par les coups de bâton que...
Géronte. ? Ne parle point davantage, je te pardonne aussi.
Scapin. ? Ç’a été une témérité 2 bien grande à moi, que les coups de bâton que je...
Géronte. ? Laissons cela.
Scapin. ? J’ai, en mourant, une douleur inconcevable des coups de bâton que...
Géronte. ? Mon Dieu ! Tais-toi.
Scapin. ? Les malheureux coups de bâton que je vous...
Géronte. ? Tais-toi, te dis-je, j’oublie tout.
Scapin. ? Pardonnez ces coups de bâton que...
Géronte. ? Eh ! oui. Ne parlons plus de rien ; je te pardonne tout, voilà qui est fait.
Scapin. ? Ah ! Monsieur, je me sens tout soulagé depuis cette parole.
Géronte. ? Oui ; mais je te pardonne à la charge que tu mourras 3.
Scapin. ? Comment, Monsieur ?
Géronte. ? Je me dédis de ma parole 4, si tu réchappes.
Scapin. ? Ahi, ahi ! Voilà mes faiblesses qui me reprennent.
Argante. ? Seigneur, Géronte, en faveur de notre joie, il faut lui pardonner sans condition.
Géronte. ? Soit.
Argante. ? Allons souper ensemble, pour mieux goûter notre plaisir.
Scapin. ? Et moi, qu’on me porte au bout de la table, en attendant que je meure 5.
FIN
1 Cyrano de Bergerac est mort ainsi en 1655. La pièce de théâtre d'Edmond Rostand (1897) le raconte.
2 audace.
3 à la seule condition qu'en échange tu meures.
4 je reprends ma parole, je retire ce que j'ai dit.
5 au théâtre, dans certaines mises en scène, pour dire ces derniers mots, Scapin se redresse, arrache parfois triomphalement son bandage, bondit, etc., avant que les porteurs ne l'emmènent hors de scène.
ZERBINETTE, SYLVESTRE, NÉRINE
Carle. ? Ah ! Messieurs, il vient d’arriver un accident étrange.
Géronte. ? Quoi ?
carle. ? Le pauvre Scapin...
Géronte. ? C’est un coquin que je veux faire pendre.
Carle. ? Hélas ! Monsieur, vous ne serez pas en peine de cela. En passant contre un bâtiment, il lui est tombé sur la tête un marteau de tailleur de pierre 1, qui lui a brisé l’os et découvert toute la cervelle. Il se meurt, et il a prié qu’on l’apportât ici pour vous pouvoir parler avant que de mourir.
Argante. ? Où est-il ?
Carle. ? Le voilà.
Scène dernière. Scapin, Carle, Géronte, Argante, etc.
Scapin, apporté par deux hommes et la tête entourée de linges, comme s’il avait été bien blessé. ? Ahi ! Ahi ! Messieurs, vous me voyez... ahi ! vous me voyez dans un étrange état. Ahi ! Je n’ai pas voulu mourir sans venir demander pardon à toutes les personnes que je puis avoir offensées. Ahi ! Oui, Messieurs, avant que de rendre le dernier soupir, je vous conjure de tout mon cœur de vouloir me pardonner tout ce que je puis avoir fait, et principalement le seigneur Argante, et le seigneur Géronte. Ahi !
Argante. ? Pour moi je te pardonne ; va, meurs en repos.
Scapin. ? C’est vous, Monsieur, que j’ai le plus offensé, par les coups de bâton que...
Géronte. ? Ne parle point davantage, je te pardonne aussi.
Scapin. ? Ç’a été une témérité 2 bien grande à moi, que les coups de bâton que je...
Géronte. ? Laissons cela.
Scapin. ? J’ai, en mourant, une douleur inconcevable des coups de bâton que...
Géronte. ? Mon Dieu ! Tais-toi.
Scapin. ? Les malheureux coups de bâton que je vous...
Géronte. ? Tais-toi, te dis-je, j’oublie tout.
Scapin. ? Pardonnez ces coups de bâton que...
Géronte. ? Eh ! oui. Ne parlons plus de rien ; je te pardonne tout, voilà qui est fait.
Scapin. ? Ah ! Monsieur, je me sens tout soulagé depuis cette parole.
Géronte. ? Oui ; mais je te pardonne à la charge que tu mourras 3.
Scapin. ? Comment, Monsieur ?
Géronte. ? Je me dédis de ma parole 4, si tu réchappes.
Scapin. ? Ahi, ahi ! Voilà mes faiblesses qui me reprennent.
Argante. ? Seigneur, Géronte, en faveur de notre joie, il faut lui pardonner sans condition.
Géronte. ? Soit.
Argante. ? Allons souper ensemble, pour mieux goûter notre plaisir.
Scapin. ? Et moi, qu’on me porte au bout de la table, en attendant que je meure 5.
FIN
1 Cyrano de Bergerac est mort ainsi en 1655. La pièce de théâtre d'Edmond Rostand (1897) le raconte.
2 audace.
3 à la seule condition qu'en échange tu meures.
4 je reprends ma parole, je retire ce que j'ai dit.
5 au théâtre, dans certaines mises en scène, pour dire ces derniers mots, Scapin se redresse, arrache parfois triomphalement son bandage, bondit, etc., avant que les porteurs ne l'emmènent hors de scène.
Travail en classe
Atelier d'expression - Le bilan des Fourberies de Scapin
Vous construirez une Google Presentation par groupe expliquant :
- Les tromperies de Scapin et notamment sa dernière fourberie de Scapin (et son écho dans l'oeuvre Cyrano de Bergerac)
- Les éléments de comédie dans l'Acte III, Scène 12
- La dureté des pères au XVIIe siècle et les relations entre Molière et son père
- La réponse des enfants dans un monde autoritaire
- Sylvestre ou le statut des serviteurs à l'époque de Louis XIV et de Molière
Vous construirez une Google Presentation par groupe expliquant :
- Les tromperies de Scapin et notamment sa dernière fourberie de Scapin (et son écho dans l'oeuvre Cyrano de Bergerac)
- Les éléments de comédie dans l'Acte III, Scène 12
- La dureté des pères au XVIIe siècle et les relations entre Molière et son père
- La réponse des enfants dans un monde autoritaire
- Sylvestre ou le statut des serviteurs à l'époque de Louis XIV et de Molière
Travail asynchrone
Lire attentivement ces extraits de l'Acte III. Donnez le sens et la nature de concevoir, sottise, vertu, coureuse, sans naissance, dérober.
Questions : Pourquoi Nérine et Hyacinthe ont-elles eu tant de mal à retrouver Géronte ? Au début de la scène 10, Octave refuse le mariage ? Pourquoi ? De quel type de comique s’agit-il ?
Exercices d'application sur les temps composés et l'accord du participe passé
Questions : Pourquoi Nérine et Hyacinthe ont-elles eu tant de mal à retrouver Géronte ? Au début de la scène 10, Octave refuse le mariage ? Pourquoi ? De quel type de comique s’agit-il ?
Exercices d'application sur les temps composés et l'accord du participe passé